Interview. « Notre méthode de calcul évalue donc l’inconfort thermique d’été avec le même indicateur que la RE2020 »

On pense toujours au confort thermique en hiver, mais qu’en est-il l’été ? C’est la réflexion menée par le Cerema Méditerranée depuis plusieurs années. Le pôle a alors développé le projet RITE, pour Risque d’inconfort thermique d’été. Il s’agit d’une méthode de calcul simplifiée et déclinée sous forme d’outils d’évaluation du confort thermique des logements. Nicolas Cabassud, expert du domaine bâtiment au Cerema, nous explique.
En quoi consiste le projet RITE ?
Nous observons aujourd’hui une prise de conscience forte de l’inconfort thermique d’été dans les logements, aussi bien dans les constructions neuves que existantes. En France, la stratégie de construction a toujours été tournée vers le confort d’hiver (capter le rayonnement solaire, conserver les apports de chaleurs, chauffage performant…), mais qu’en est-il pour l’été ? Il faut au contraire éviter le rayonnement solaire, évacuer les calories emmagasinées, etc. L’installation de protection solaire ou encore l’aération des bâtiments sont des exemples de solution. Avec les épisodes caniculaires plus nombreux et plus intenses que nous vivons, ces solutions deviennent indispensables. La RE2020 a mis l’accent sur cet inconfort avec un nouvel indicateur degrés heure (DH), il devrait s’imposer dans le paysage car contrairement à la TIC (température intérieure conventionnelle). Notre méthode de calcul évalue donc l’inconfort thermique d’été avec le même indicateur que la RE2020. En revanche, il ne s’agit pas d’un calcul règlementaire puisque notre méthode s’appuie sur des milliers de simulations thermiques dynamiques (STD).


La méthode a ensuite était déclinée en plusieurs outils en fonction des cibles…
Exactement ! Pour le moment, nous avons deux versions de l’outil, même si la méthode de calcul reste commune. Il y en a un destiné au maître d’ouvrage et un autre pour les artisans. Nous nous sommes rendu compte que les attentes étaient différentes. Par exemple, un artisan a besoin de données très simples, il veut une tendance. À l’inverse le maître d’ouvrage veut des données plus détaillées. Si on prend l’exemple de l’isolation d’un mur, un artisan voudra juste savoir si elle est bonne ou mauvaise. Si elle est bonne, on partira du principe qu’elle correspond à une résistance de 5 par exemple. La saisie est donc simple et rapide alors que pour le maître d’ouvrage, pourra entrer directement la valeur de résistance exacte. En fonction de la cible, RITE proposera une dizaine ou une vingtaine de données, comme le contexte géographique du bâtiment, les caractéristiques de référence des parois, etc. Pour réduire le nombre de ces données, nous utilisons des valeur de références, différentes suivantes l’usage et la configuration du bâtiment. Ces valeurs sont figées dans les milliers de STD.
L’Union sociale pour l’habitat (USH) utilise d’ailleurs l’outil depuis 2021. Quel était le cahier des charges ?
L’USH souhaitait faciliter l’évaluation du confort thermique d’été dans son parc afin de dialoguer avec la maîtrise d’œuvre sur la conception des bâtiments. Il fallait que l’outil caractérise au mieux le parc dans son ensemble. Comme le besoin était spécifique, nous avons développé des données d’entrées en conséquence. Dès utilisation, le bailleur social s’est rendu compte qu’il existait des disparités dans l’appropriation de l’outil : les non thermiciens trouvaient l’outil trop détaillé alors que les aguerris voulaient aller plus loin dans la précision pour que cela ne leur soit pas préjudiciable. C’est pour cela que nous avons décidé de créer deux versions de l’outil, à l’image de ce que nous avons fait avec la déclinaison maître d’ouvrage/artisan. La version simplifiée comprend trois parties : une pour les caractéristiques générales (structure et localisation bâtiment), une deuxième pour la performance menuiserie et le comportement des occupants et une dernière pour le résultat avant/après. La différence avec la version détaillée est qu’elle nécessite par exemple la taille exacte des menuiseries ou leur emplacement précis dans le logement. Nous pouvons décliner l’outil à la demande, comme nous le faisons actuellement avec l’Agence qualité construction (AQC), mais il n’est pas encore opérationnel. Il sera à destination des artisans qui veulent l’utiliser via le programme Profeel. Nous réfléchissons aussi à adapter l’outil a une troisième typologie de métiers : les architectes.